Entre Saint Père et Saint Suliac, le moulin de Beauchet va s’ouvrir à la visite grâce au soutien de la Fondation du Patrimoine et de l’association des Amis des moulins de la Rance.
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« Mon père, meunier à Mortain (Manche) cherchait un moulin à reprendre. Quand on lui a présenté le Beauchet, il a tout de suite été conquis par le site », raconte Yves Desgués, actuel propriétaire et dernier meunier de la Rance. Et on le comprend !
Situé sur les bords de Rance , à cheval entre les communes de Saint-Père et Saint-Suliac, le moulin de Beauchet est aussi le plus petit de la Rance. « Il a pourtant produit jusqu’4 quintaux de farine par jour, jusqu’à l’arrêt de son activité en 1980 », poursuit Yves Desgués.
Son existence au débouché du ruisseau de la Goutte, sur la Rance, est prouvée « par des documents anciens dès 1542, précise son propriétaire. Le bâtiment actuel date de la fin du XIXe siècle. Jadis en bois, le moulin a été reconstruit avec du granit en 1882, après avoir été détruit par un incendie.
C’est un moulin à marée. Fonctionnant à l’origine uniquement grâce à la force de la marée qui faisait tourner deux roues à aubes, c’est d’abord un simple moulin banal
(ou moulin communal) jusqu’à la Révolution. Il devient minoterie peu avant 1930 avec le remplacement des roues par une turbine qui actionne trois paires de meules. Plus tard, les meules sont remplacées par des cylindres et l’utilisation de l’énergie marémotrice est définitivement abandonnée en 1957 au profit de l’électricité. »
Une machinerie intacte
« Le Beauchet fait partie de la quinzaine de moulins qui ont fonctionné le long de la Rance, poursuit François Lang, président de l’association des Amis des moulins de Rance(AMR). Le principal intérêt de l’édifice se trouve à l’intérieur. La majeure partie des machines sont encore en place : quatre cylindres, un trieur, une bluterie ronde, une brosse à blé, une brosse à blé-épointeuse, un séparateur et deux plansichters. C’est ce qui a justifié l’inscription du moulin et des machines de minoterie à l’inventaire des Monuments historiques en 1986. Ils sont restés en l’état depuis la fin de l’exploitation, et constituent donc un patrimoine architectural et industriel remarquable, même s’il nécessite d’importantes restaurations ».
L’objectif de la famille propriétaire est d’ailleurs de rouvrir le moulin aux visiteurs, avec le soutien de l’AMR, porteuse du projet de réhabilitation.
Sélectionné par la Mission Bern, le projet est accompagnée par la Fondation du Patrimoine. « La restauration du moulin à marée de Beauchet est bien plus qu’une simple rénovation architecturale. C’est un acte de préservation de notre héritage vivant qui construit une passerelle entre hier et aujourd’hui, rappelant comment nos ancêtres ont utilisé ingénieusement les marées pour moudre le grain, poursuit Jean -François Hourrière, Fondation du Patrimoine – délégation Bretagne. C’est un effort pour préserver notre patrimoine, pour construire un avenir qui se souvient et honore notre passé maritime, tout en créant une connexion intemporelle entre générations. »
Les travaux ont démarré cet été.
Jean-François Hourrière, Yves Desgues, François Lang
